Parce que je suis curieuse et que j'adore en savoir un peu plus sur les créatrices que j'affectionne ; je te propose une nouvelle catégorie : Interview créatrice !
Aujourd'hui je te présente Frédérique Petit, les mains qui se cachent derrière Les Curiosités de Fred !
Frédérique collectionne les boîtes de sardine et est passionnée par la mer. Elle recréée cette faune sous-marine avec de splendides tissus : sardines, crabes, hippocampes, maquereaux, ... mais pas que !
Je suis une grande fan de ses créations et je n'ai qu'une hâte : pouvoir m'offrir l'un de ses retours de pêche !
Frédérique est aussi une bavarde (et son parcours fascinant !), alors j'espère que tu as un peu de temps devant toi ^o^
Fred si tu devais te définir en 5 mots quels seraient-ils ?
Créations / Arts / Rires / Joie / Voyages / Partage (bon ok il y en a 6).
Quel métier rêvais-tu de faire quand tu étais enfant ?
Petite, je m'inventais des métiers multiples, tous liés au domaine artistique. Je lisais et écrivais beaucoup, j'ai fait beaucoup de danse et au grand dam de ma mère j'avais toujours une paire de ciseaux dans la main dans ma chambre ! Je passais mon temps à découper, bricoler, assembler, peindre.
Élève fantasque, imaginative, active à l'oral et bout en train (ça m'a suivi toute ma scolarité), j'étais plutôt littéraire et douée pour les arts plastiques.
Ma mère en 1978 a ouvert sa boutique de p-a-p ; c'est ma grand-mère (accessoirement ancienne couturière chez Lanvin) qui faisait les retouches. Du coup, dès 8 ans, je donnais une seconde vie aux chutes de tissus en créant des marionnettes et en habillant mes poupées.
La sœur de ma mère était une pro du tricot ; je me revois dans la cour de l'école à sortir mon tricot devant les yeux ébahis de la maîtresse et me faire prier de ranger mes aiguilles parce que c'était trop dangereux !
Ma grande tante travaillait au Bon Marché, elle a terminé sa carrière comme responsable et acheteuse au rayon cadeau. J'avais 10 -12 ans ; très souvent les mercredis et samedis j'allais traîner au rayon 3 Hiboux et je m'amusais à ranger son rayon.
Du coup, la chance que j'ai eu c'est que très tôt j'ai pu aller avec elle voir ses fournisseurs et aussi découvrir les salons comme Maison et Objets, ...
Quel est ton parcours et comment es-tu arrivée à la création textile ?
J'ai commencé mes études par la Sorbonne en lettres modernes mais je ne me voyais pas rester longtemps sur les bancs de la fac sans un vrai métier. J'ai donc bifurqué pour une formation de décorateur merchandiseur, puis je suis rentrée aux Galeries Lafayette Haussmann au service décoration intérieure.
C'était le bon temps, on a monté des tas d'expos géniales et mes meilleurs souvenirs sont celles des festivals de la mode : Jean-paul Gaultier, David Lachapelle, Bob Wilson, Jerome Savary, ...
J'y suis restée presque 7 ans. Le soir, j'ai longtemps travaillé pour le décorateur Thomas Boog, à l'époque sa boutique était passage Jouffroy, à côté du musée Grévin. Je quittais les Galeries et travaillais les patines, les faux stucs, les meubles en coquillage et la feuille d'or. Ses projets et commandes de vitrines étaient (et sont toujours) fantastiques.
De ce fait, j'ai mis un pied dans le luxe à l'époque sans le savoir : stand Madame Figaro pour la 100ème session du salon Bijhorca, vitrines de Noël Cartier (on avait passé la nuit sur des bougeoirs et candélabres en stuc pour refaire le thème la Belle et la Bête), boutique Escada, intérieurs de livres présentoirs écrin pour Hermès et j'en passe.
Que de nuits blanches ! Certes aux Galeries les lendemains je n'étais pas très fraîche, mais j'étais heureuse d'apprendre et de voir prendre forme les idées, la matière.
J'ai longtemps fait aussi les weekends des expos de mosaïques, des vitrines, monter des expo et donner de mon temps sur un court métrage.
Forcément quand l'amour est chaotique, on se noie dans le travail. Quand je repense à mon parcours je me dis waouh !
J'ai pris une année sabbatique aux Galeries Lafayette pour partir en Nouvelle Calédonie.
Finalement je ne suis pas partie et suis rentrée chez Aigle. J'étais visuel merch, j'ai participé aux ouvertures des succursales en France et à l'étranger. J'y suis restée un an.
J'avais 30 ans et c'était épuisant de n'être jamais chez moi et de ne plus pouvoir créer à côté.
Du coup j'ai démissionné 2 fois la même année, je ne voulais plus retourner aux Galeries (par fierté peut-être).
J'ai rebondi deux mois comme assistante déco sur la création de la boutique Voyage avenue Montaigne. C'était un beau projet de dingues.
Et puis en 2001 je suis rentrée chez Armani, j'ai commencé 2 ans chez Emporio comme visuel merch et j'ai terminé chez Giorgio (à l'époque Place Vendôme ) et Collezioni avenue Georges 5. J'allais souvent à Milan, pour les shows-room et faire les vitrines.
Puis j'ai rencontré l'Amour avec un grand A, celui qui nous dit intérieurement : suivre ta voie professionnelle ou fonder ta famille. Je n'ai pas hésité.
Bref, la parisienne que j'étais s'est retrouvée à quitter un super job en attendant un bébé pour une vie de province. Gros choc à l'ANPE lorsqu'ils ont vu mon book et mon cv : ils m'ont conseillé de créer mon emploi ...
J'ai tenté l'IUFM, mais j'ai raté à cause des maths. Mon fils est arrivé dans la foulée.
Le textile je l'ai réellement touché quand j'attendais ma fille en 2005. J'en ai usé des machines depuis ! Je lui faisais des turbulettes, des plaids, des étoiles et même des doudous en vison.
J'ai rencontré deux artistes locales, on a décidé un après-midi de créer Les Copirates.
En trois mois de temps nous avons crée une petite collection enfants dans de belles matières teintées (des lins, des chanvres, ...), nous avions plein de projets.
Et puis un jour mon mari a eu une proposition pour la Libye : Tripoli.
Les enfants étaient petits, mon chômage allait se terminer, nous sommes partis.
Pendant 6 mois ce qui me tenait c'est que j'écrivais des chroniques ; à distance je continuais de travailler pour Les Copirates.
J'ai pu, grâce à mon année d'IUFM, faire des remplacements à l'école de l'alliance française. Au bout de 6 mois, je me suis retrouvée à donner des cours de danse 5 fois par semaine aux petits enfants d'expat, mais aussi aux libyens.
Je donnais aussi des cours de merch en anglais à une équipe d'hommes dans une boutique de p-a-p de luxe et je suis entrée en contact avec une sœur Philippine qui aidait les migrantes subsahariennes à se réinsérer, je leur faisais faire des broderies.
Et puis il y a eu la guerre, nous sommes rentrés précipitamment.
Je garde de ces presque deux années passées là-bas une intensité de découvertes et de partages incroyables.
L'arrivée en France fut dure, j'ai retrouvé Les Copirates, on a développé nos projets pendant deux ans encore et en juin 2012, j'ai stoppé. Cette année à été très dure pour moi, et je devais rebondir.
De surcroit nous avons retrouvé notre maison, mon atelier et je me suis dis "fonce ma fille".
Comment est née ta marque "Les Curiosités de Fred" ?
Les curiosités de Fred s'imposaient à moi parce que je suis curieuse de tout et puis mon nom Frédérique Petit était déjà pris. Ce qui est drôle c'est que l'autre Frédérique Petit est aussi créatrice textile.
Pourquoi les poissons ? Je ne sais pas. Je collectionne les boites de sardines depuis plus de 20 ans et mon fils est né un 1er avril ... pour conjurer le sort.
Parce que je n'ai jamais vu de poissons en textile auparavant.
Parce qu'il faut se démarquer.
Parce que je n'aime pas copier.
Parce que je n'aime pas copier.
Parce que trouver son identité, c'est important.
La mer me fascine, j'ai fait pas mal de plongées sous-marine et cela me manque, j'aime ce monde sensible.
Où trouves-tu ton inspiration ?
L'inspiration est partout, dans la nature, le monde, ...
Je travaille en écoutant Inter, France Culture ou en regardant TedX ; parfois une phrase m'attrape, je la note sur un patron, un bout de papier.
J'imagine que tu dois avoir la tête qui fourmille de nouvelles idées, peux-tu nous en dire plus sur tes futures créations ou est-ce top secret ?
Oui j'ai des milliards d'idées à la minute, mais c'est dur de tout mener de main de maître.
Mes désirs : faire de jolies vitrines animées avec mes poissons, décorer des hôtels de bords de mer...
Les enfants sont encore petits et c'est dur de tout mener de front. Travailleuse acharnée, je me dis que tout se construit jour après jour.
Mes projets : toucher la côte atlantique l'année prochaine ...
Quels conseils donnerais-tu à une créatrice qui veut se lancer ?
Croire en soi, travailler, être à l'écoute des tendances, de l'actualité, ...
S'inspirer et surtout ne pas copier, cela dessert toujours.
Un produit nait, vit et meurt. Il faut toujours se réinventer.
Où peut-on trouver tes créations ?
On trouve mes créations sur ma boutique Bigcartel, mais aussi dans les galeries-boutiques suivantes :
- Galerie Neo à Carolles
- Galerie Toiles de Mer à Peyriac-de-Mer
- Galerie Lokal à Nîmes
- Galerie Ad Lib à Alès
- Perles et Papillon à Aigues-Mortes
- Concept store La Maison Pernoise à Pernes-les-Fontaines
- Librairie Le Haricot Magique à Pernes-les-Fontaines
On peut me contacter par mail, je fais des propositions de couleurs et matières sur mesure.
Tu pourras aussi retrouver Fred sur les événements suivants :
- Les journées européennes des métiers d'art de Nîmes : Fred proposera des ateliers pour enfants autour du poisson d'Avril les 28 et 29 mars au ZO
- Au pop-up store Les Jolies Choses à Toulouse le dernier weekend de mai
- A la fête de la Morue les 5 et 6 juin à Bègles
Merci beaucoup Fred d'avoir pris le temps de me répondre et de m'avoir raconter ton si riche parcours ! Et avec toutes ces photos, maintenant je n'ai qu'une envie c'est que l'été arrive et VITE !!!
Les photos sont la propriété exclusive de Frédérique Petit, merci de ne pas les utiliser sans son autorisation.
Moi je veux un CRABE !
RépondreSupprimerOui, ils sont beaux les crabes de Fred !!
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